Au 20ème siècle, conformément à la loi, tous les notaires du Puy-de-Dôme avaient déposé les anciennes minutes de leurs prédécesseurs aux Archives Départementales du Puy-de-Dôme. Tous sauf un, qui ne les déposa qu’en 2004. Un notaire de la région de Besse-en-Chandesse (devenue le 1er juillet 1973 Besse-et-Saint-Anastaise, après fusion avec l'ancienne commune de Saint-Anastaise) et Égliseneuve-d’Entraigues, malheureusement pour moi. Comme j’avais stoppé mes recherches aux A.D. en 2003 pour d’autres occupations que la généalogie, puis de la généalogie mais surtout alsacienne, je n’avais pas ce contrat de mariage. Depuis le 15 octobre 2018, étant retourné à ces A.D. quinze ans après, je l’ai enfin. Ça n’a pas été trop difficile de le trouver car je savais trois choses :
— Le contrat de mariage datait du jeudi 28 octobre 1830, le jour même du mariage.
— Le notaire se nommait BOYER (prénom non précisé).
— L’enregistrement avait eu lieu à Besse-en-Chandesse.
Normalement, cela aurait dû être suffisant, mais le document qui m’avait donné, dès 1988, cette information, ne précisait pas que le notaire était domicilié à Égliseneuve-d’Entraigues. Et, comme Besse-et-Saint-Anastaise est limitrophe d’Égliseneuve-d’Entraigues, j’ai d’abord cherché le contrat de mariage dans cette commune. Plusieurs notaires y exerçaient en 1830, dont un nommé… BOYER !
Mais là, je n’ai pas trouvé ce contrat de mariage. Égliseneuve-d’Entraigues étant une assez importante commune à cette époque (2070 habitants en 1831 contre 369 en 2015) j’ai alors pensé qu’il pouvait bien y avoir eu un notaire. Il y en avait un aussi (mais un seulement contrairement à Besse-en-Chandesse où il y en avait beaucoup) et il se nommait… Jean-Baptiste François BOYER !
C’était le bon ! Ne restait plus qu’à espérer que le contrat de mariage fût parvenu jusqu’à nous. Car c’était il y a près de 188 ans, quand même ! Et qu’il n’ait pas été déplacé, auquel cas il eût été introuvable.
Mais il était bien là, et, peut-être parce que je suis devenu un vieux bonhomme, on a bien voulu me le photocopier. Il y avait quatre pages format 17,5 cm sur 25 cm et vous en trouverez donc l’ensemble à la fin de cet article car j’ai scanné tout cela. La dernière page est un résumé qui ne couvre qu’une demi-page.
Je ne me suis pas ruiné, vu que c’était 15 centimes la page ; mais j’ai été surpris de voir la jeune employée (par ailleurs très aimable, une nouvelle donc) poser la multiplication de 15 par 4 pour trouver 60 centimes, après avoir bien posé le chiffre « 2 » de la retenue du fait que 5 x 4 = 20. J
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J’avais grande hâte, comme vous vous en doutez, de savoir comment le notaire avait orthographié le patronyme de mon trisaïeul.
Eh bien, il l’a orthographié « CATHIGNOL » ! Avec un "H" comme dans "Maître Hippolyte HACHE", notaire à Bernay, qui devait rédiger plus tard quelques-uns des contrats de mariage des enfants de mes trisaïeuls ; et en marier aussi, je crois, car il fut aussi adjoint au maire de Bernay.
Notre nom n’est donc pas né le jeudi 28 octobre 1830 à 10 heures du matin, mais soit une heure environ avant, soit quelques jours avant.
Pour rappel, lien du mariage ici :
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La lettre "H" provient-elle de l’initiative du notaire ? Ça me semble peu probable, d’autant que, dans son résumé, en page 4, il a écrit « CATIGNOL », oubliant déjà le "H" ! Les notaires sont des gens sérieux et je n’imagine pas Maître Jean-Baptiste François BOYER inventer ce "H" non prononcé à ajouter après le "T" de CATIGNOL, même si, je vous l’ai déjà dit, des "H" après des "T", j’en ai vu jusque dans la "thable des matières" ! J L
Mais, dans ce cas-là, il s’agissait d’un simple employé de mairie (vers 1810 je crois) sans doute bien moins instruit que notre notaire auvergnat, qui, comme vous le verrez, écrit presque sans faute, excepté surtout quelques rares fautes d’étourderie. Il faut bien comprendre que, si pour moi, ce fut "le mariage du siècle", lui n’a pas dû le ressentir comme tel (!!) et ne s’est pas appliqué au maximum comme il l’eût fait pour Henri d’Artois, comte de Chambord ! J L
J’imagine que Maître BOYER a demandé aux futurs époux leurs papiers d’identité. On sait que mon trisaïeul, n’ayant pas d’acte de naissance, s’était fait faire un acte de notoriété, dans lequel de nombreux « témoins » mâles (toujours des mâles, oui) affirmèrent qu’il était né le 20 mai 1797, soit le 1er prairial an V, ce qui est complètement faux, vu qu’il a dû naître en 1804 ou vers 1804.
J’ai déjà expliqué (article N°1) que cette fausse date de naissance avait été habilement choisie car les recueils d'état civil des naissances pour Condat, commune où naquit mon trisaïeul (hameau de Courtilles, sous-hameau de la Grangeoune), pour l’an 5 s’arrêtent par un acte du 27 germinal, tant dans la collection communale que dans la collection départementale. Ensuite, manque aussi l’an 6, l’état civil des naissances ne reprenant qu’en l'an 7, avec encore des lacunes ensuite.
Et donc Maître BOYER, ne s’autorisant sans doute pas de fantaisie, a dû recopier l’orthographe de l’acte de notoriété.
Et, malheureusement, comme j’ai eu aussi l’occasion de le dire, il semble que cet acte de notoriété ne soit jamais parvenu jusqu’à nous.
Tout ce que j’ai trouvé lorsque je suis allé passer une semaine à travailler aux Archives Départementales du Cantal à Aurillac (en 1990 ou avant), c’est L’HOMOLOGATION de cet acte de notoriété.
Cet acte, daté du 23 octobre 1830 (le samedi précédant le mariage, donc), extrêmement long et lourd, répète par SEPT FOIS les prénom et nom de mon trisaïeul, et, par SEPT FOIS, il est écrit « JEAN CATIGNOL » (sans "H", donc).
La responsable de la salle de lecture m’en a refusé la photocopie mais j’ai recopié entièrement le texte sur mes cahiers (pages 768, 769 et 770, trois pages donc).
Cet acte, qui fut passé à Murat (Cantal) si j’ai bien compris, en présence de « l’avoué de Jean CATIGNOL, Maître Pierre DURÀLIRE » (mon trisaïeul n’ayant pas fait le déplacement, donc) précise que l’acte de notoriété avait été dressé « par monsieur le juge de paix du canton de Marcenat (Cantal) le 12 octobre 1830 ».
Après lecture de ce texte, j’ai demandé à la responsable de salle comment me procurer ce fameux acte de notoriété.
Elle m’a dit :
« Oh, monsieur, si vous avez trouvé l’acte d’homologation, c’est sûr que vous ne trouverez pas l’acte de notoriété. Il n’a pas été conservé, soyez-en sûr ! »
Qu’en savait-elle ? Pourquoi ne trouverait-on pas l’un et l’autre ?
Ceci dit, hélas pour moi, elle avait raison :
Il n'était pas à sa place. Il manquait du reste environ deux tiers des actes de notoriété répertoriés.
----------------------------------------------------------------------------------------------------En conclusion, le problème demeure : quel jour est apparu le "H" de mon nom ?
Car :
— S’il est présent sur cet acte de notoriété que je n’ai jamais pu lire, POURQUOI l’acte qui l’homologue n’en a pas, PAR SEPT FOIS SUR SEPT, respecté la présence ?
— Et s’il n’est pas présent sur cet acte de notoriété que je n’ai jamais pu lire, POURQUOI Maître Jean-Baptiste François BOYER, respectable notaire royal, a-t-il écrit, DEUX FOIS SUR DEUX dans le corps du texte « Jean CATHIGNOL » comme vous pouvez le voir dans les photocopies ci-dessous ?
En plus, Maître BOYER a précisé (voir ci-dessous, en début d‘acte) « fils majeur et légitime de défunts Antoine CATHIGNOL et d’Anne BAPT » puis (voir ci-dessous en fin d’acte) « en présence de Jean CATHIGNOL, frère du futur », ce qui nous fait QUATRE FOIS SUR QUATRE le patronyme CATHIGNOL écrit avec un "H" dans le corps de l‘acte.
Certes la lettre "H" est absente sur la page N°4, celle qui résume le contenu de cet acte notarial. Mais il reste tous les autres "H", les quatre du corps du texte, les principaux donc.
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En conclusion :
Une seule explication me semble vraisemblable (mais je peux me tromper !!) : l'acte de notoriété fut bien rédigé avec l'orthographe "CATHIGNOL" (Pourquoi ? peut-être avec l'intention qu'on ne confondît pas mon trisaïeul avec quelqu'un d'autre, son frère par exemple) et, onze jours après, il fut homologué lors d'une audience dirigée par un autre juge qui ne rédigea pas lui-même le compte-rendu qui en fut fait. Et son employé, en entendant phonétiquement [CATIGNOL], écrivit logiquement "CATIGNOL".
Le nom "CATHIGNOL" serait donc bien né à Marcenat (Cantal) le mardi 12 octobre 1830.
Notons encore que, si c’est le cas, ce ne fut pas de façon définitive, puisque l’acte d’homologation (indispensable) du 23 octobre reprend l’orthographe traditionnelle "CATIGNOL".
Il n’y a qu’à partir de l’acte de mariage du 28 octobre 1830, ou, si l’on fait abstraction de la page N°4 du contrat de mariage qui peut être considérée comme une erreur d’étourderie comme il y en aura d’autres plus tard (exemple : Désirée, 12ème enfant sur 12 du couple, née « CATIGNOL » à Bernay) à partir du contrat de mariage ci-dessous (même date du 28 octobre 1830 mais environ une heure avant) que le patronyme "CATHIGNOL" fut définitivement fixé avec son "H".
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Voilà pour ce qui est du "H". mais bien sûr, il y a d’autres chose intéressantes dans ce contrat de mariage, comme dans tout contrat de mariage qui se respecte.
Quand je l’ai lu, de retour chez moi, j’ai eu l’impression de lire un traité de paix entre deux belligérants. J J
Mais bon, il en va souvent ainsi dans les contrats de mariage. Chaque partie doit prendre ses précautions, bien sûr. En plus, dans le cas présent, le fait que Jean CATHIGNOL doive venir habiter chez ses futurs beaux-parents complique un peu les choses. Il faut bien savoir qui fera quoi et qui paiera quoi. Après tout, "les bons comptes font les bons amis", dit-on.
Je donne le texte ci-dessous car je ne sais pas si la photocopie (que je donne aussi, plus bas), sera bien lisible sur mon blog.
L’écriture de 1830 ne diffère guère de celle de 2018 mais on trouvera néanmoins des "s" initiaux et médians écrits à l’ancienne, des "d" écrits aussi à l’ancienne, des "s" finaux écrits à l'ancienne, etc., sans qu’on ait toutefois besoin d’avoir étudié la paléographie pour comprendre le texte.
Maître BOYER écrivait plutôt bien lisiblement ; il y a toutefois un mot ou deux dont je ne suis pas sûr. Par ailleurs, il a fait deux ratures qu’il a signalées dans la marge de la page N°3.
À noter qu’il n’est pas allé raconter que le frère du futur époux avait 34 ans, comme dans l'acte de mariage, Jean CATIGNOL (postérité CATIGNOL éteinte) étant né le 20 avril 1801.
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Diverses remarques :
— Égliseneuve-d’Entraigues est parfaitement identifiée par son canton (car il y a trois "Égliseneuve" dans le Puy-de-Dôme).
— Par contre, Condat n’est pas convenablement identifiée ; le notaire aurait dû préciser « département du Cantal ». Mais bon, vu que c’est la commune voisine, il s’est passé de cette précision.
— Les majuscules des noms de famille et des initiales de prénoms sont de moi.
— Inversement, j’ai remis en minuscules les initiales de nombreux noms communs mises en majuscules par le notaire ; par exemple il a mis une majuscule pour toutes les lettres "e" en début de mot.
— J’ai rajouté quelques accents, quelques virgules et autres bricoles.
— Le notaire a écrit « ont comparus » au lieu de « ont comparu » ; je pense que c’est une faute d’orthographe, même pour l’époque. J’ai donc corrigé.
— En général on écrit :
A) Pour Jean CATHIGNOL : « fils majeur et légitime de défunts Antoine et Anne BAPT »
B) Pour Antoinette LENÈGRE : « fille mineure et légitime à Jacques et Catherine MATHEUF ».
Mais là, le notaire a redonné le nom de famille des pères. Les notaires aimaient beaucoup les redondances, histoire de se bien faire comprendre. En plus, parfois ils étaient payés au mot ou à la ligne, et comme ça rajoutait deux mots, pourquoi s’en priver vu « qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien » ? J
On note d’ailleurs qu’il a répété les prépositions « de » et « à » devant « Anne BAPT » puis « Catherine MATHEUF ». Dans le premier cas, c’est limite correct (à cause du mot "défunts", qui aurait dû empêcher la répétition de la préposition "de").
— Le notaire liait souvent plusieurs mots à la suite ; probablement pour ne pas gaspiller d’encre. Il n’avait pas mes stylos BIC ! Je les ai déliés au besoin.
— « habitante avec sesdits père et mère […] » au lieu de « habitant avec ses dits père et mère […] » était correct à l’époque.
— « susditte » (avec deux "t") n’était pas une faute à l’époque. J’ai toutefois préféré corriger ci-dessous. Idem pour « saditte fille » et « laditte future » un peu plus bas, écritures que j'ai aussi corrigées.
"susdite" est autorisé par le… dictionnaire de SCRABBLE, au contraire de "sesdites" !! J
Et WORKS (version 7.0) est du même avis, qui me souligne en rouge le second lien mais pas le premier, qu’il juge donc correct ! J
Note : pour savoir si telle ou telle écriture était ou non une faute à l’époque, je me suis reporté aux innombrables actes d’état civil que j’ai lus. Ainsi, lorsqu’une écriture était habituelle autrefois, je considère que le notaire n’a pas commis de faute. Mais un académicien ou un historien pourraient parfois être d’un avis contraire, surtout s'ils possèdent une grammaire et un dictionnaire français en dates de 1830, ce que je n'ai pas. Pas bien grave.
— « du même état » renvoie à « cultivateur » dans le paragraphe précédent. Jean CATHIGNOL et Jacques LENÈGRE étaient donc cultivateurs, et Catherine MATHEUF cultivatrice. Antoinette LENÈGRE n’a pas besoin qu’on écrive « sans profession » ni « cultivatrice » vu qu’elle était mineure. Elle est toutefois citée « cultivatrice » dans le répertoire des actes d'enregistrements des contrats de mariage.
— « entr’elles ». L’élision était peut-être correcte à cette époque, je n’en sais rien. Ci-dessous, j’ai retranscrit de façon moderne.
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Article 1er :
— J’ai adoré la formulation de ce premier article ! Je n’aurais pas dit mieux ! ♥ ♥ J J
Article 2 :
— Je n’ai RIEN compris à ce 2ème article ! L L
Mais j’ai une excuse : je ne me suis pas souvent marié (!!) et je n’ai jamais assisté à un mariage (civil ou religieux) de toute ma vie.
Article 3 : « tous ses biens présents et avenirs par précitut et hors part. »
— A) Maître BOYER a employé « avenir » comme un adjectif, au même titre que « présent », tous deux mis au pluriel. Pourquoi pas ? C’était peut-être correct à l’époque même si mon QUILLET de 1934 et mes autres dictionnaires ne connaissent « avenir » que comme nom commun et non comme adjectif.
— B) « précitut » à la place de « préciput » est une erreur d’étourdissement, euh… pardon… d’étourderie de Maître BOYER, comme nous en faisons tous. Le notaire connaissait bien le mot « préciput » (c’est moi qui ne le connaissais pas !! J L), qu’il a orthographié correctement plus loin. J’ai corrigé.
Article 4 :
— On voit apparaître « épouze » au lieu de « épouse ». Là encore, je crois que les deux écritures étaient correctes à l’époque. J’ai laissé cette variante, qui, c'est sûr, devenait de plus en plus rare.
— « fait donation entre vif ». De nouveau une erreur d’étourderie. J’ai rajouté le "s" manquant.
— Cet article N°4 termine la première page. On peut lire, sur la gauche, écrit verticalement, une mention marginale détaillant l’argent qu’on a soutiré à mes ancêtres pour cet acte, son homologation, son enregistrement, ou je ne sais quoi encore, qui a permis à l’Administration Française de s’enrichir à nos dépens. L
Article 5 :
— « entretient » me semble être une faute d’orthographe. J’ai corrigé en écrivant « entretien ». Mais, encore une fois, je ne possède pas de dictionnaire de français daté de 1830.
Article 6 :
— « en considération de » : j’ai transcrit ainsi le début de cet article de Maître BOYER car ça me semble bien convenir. Toutefois je ne vois pas de lettre "s" dans son texte. Plus précisément, je n’ai vu qu’une suite de jambages entre le "c" et le "d" et je ne suis donc pas très sûr de moi.
— « ci-déssus », que j’ai bien sûr retranscrit par « ci-dessus », introduit une série de trois déplaisantes fautes d’orthographes avec un "e" accentué précédant une double consonne. Étrange.
On a ainsi : « alliénner » au lieu de « aliéner » ; « exprèsse » au lieu de « expresse ».
— Le notaire a encore écrit « franc d’hypotheque » au lieu de « francs d’hypothèque ». J’ai rajouté le "s" final (et l’accent grave).
— Note : j’avoue ne pas avoir compris grand-chose à cet article 6 ; du coup les signes de ponctuation que j’ai rajoutés ne sont peut-être pas aux bons endroits.
Et, sans vouloir l’offenser à titre posthume, je pense que mon trisaïeul n’y a pas compris grand-chose non plus ; ce qu’il voulait surtout, c’était Antoinette, et, une heure après, une fois sorti de cette fichue étude notariale, il l’avait enfin ! ♥ ♥ J J
Article 7 :
— « aqui » : ça signifie « à qui » et je l’ai transcrit ainsi ci-dessous. Personnellement, je n’y vois pas de faute dans la mesure où Maître BOYER négligeait souvent de mettre les accents, d’une part, et, d’autre part, avait l’habitude de lier deux mots (parfois même davantage) entre eux.
— « en ce qui les concernent » au lieu de « en ce qui les concerne » ; là, j’y vois une faute ; notre notaire a accordé le verbe au mot le plus près de lui et non au sujet. Il m’arrive assez souvent de faire ce genre de faute et je ne dois pas être le seul !
— « les immeubles quelles possèdent » au lieu de « les immeubles qu’elles possèdent » : pas de faute, selon moi, Maître Boyer ayant l’habitude de joindre deux mots pour ne pas user sa pointe BIC.
— « commune dudit Égliseneuve » me semble une curieuse formulation ; en plus, j’aurais préféré « de ladite ». Mais bon…
— Auviex (ou Auveix, ou autre chose encore car dur à lire pour qui ne connaît pas le lieu) : je ne connais pas ce hameau d’Égliseneuve-d’Entraigues et je ne l‘ai trouvé nulle part. Mais il y en avait tant ! N’oubliez pas que la superficie de cette commune (56,43 km²) vaut plus de la moitié de celle de Paris (105,4 km²) !
— "Légier" est une variante du prénom "Léger".
— Parmi les témoins :
Je connais bien Jean CATHIGNOL frère du futur, et Pierre VERNAYRE beau-frère du futur (époux de Marie CATIGNOL, l'aînée de ses quatre sœurs, née le 4/1/1788, avant la Révolution, donc).
Je ne connais pas les deux témoins instrumentaires, Guillaume GIRARD et Antoine MOINS.
Je connais plusieurs Louis LENÈGRE, tous cousins plus ou moins éloignés d'Antoinette.
Je ne connais pas Étienne CHABAUD cousin du futur, François MOUSTIAL aussi cousin du futur, et Légier BABUT, cousin de la future. Difficile de les identifier vu qu’on n’a pas leur âge ni leur domicile.
— Enfin, le notaire a fait respecter un certain ordre dans les signatures :
a) La future mariée, qui signe normalement en premier dans les actes de mariage.
b) Le futur marié, qui signe normalement en second, n’a pas su signer.
c) Les quatre parents n’ont pas signé, deux ne le sachant pas et les deux autres étant morts.
d) Le beau-frère passe avant les trois cousins car il s’agit de cousins éloignés. Peut-être qu’un cousin germain aurait eu priorité sur le beau-frère, je ne sais pas.
e) Les deux témoins instrumentaires signent après, validant tout ce qui précède, signatures comprises.
f) Maître BOYER signe en dernier, validant tout l’ensemble.
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Texte :
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Du 28 8bre 1830
Par-devant Jean-Baptiste BOYER, notaire royal à la résidence d’Égliseneuve, canton de Besse, département du Puy-de-Dôme, et encore en présence des témoins soussignés,
ont comparu Jean CATHIGNOL, fils majeur et légitime de défunts Antoine CATHIGNOL et d’Anne BAPT, cultivateur, originaire du lieu de la granjoune commune de Condat et habitant actuellement cette commune d’Égliseneuve, d’une part.
Et Antoinette LENÈGRE, fille mineure et légitime à Jacques LENÈGRE et à Catherine MATHEUF, procédant de l’agrément, consentement et sous l’autorisation de sesdits père et mère aussi ici présents, du même état, habitante avec sesdits père et mère du lieu de La Farge susdite commune d’Égliseneuve, d’autre part.
Lesquelles parties ont arrêté entre elles les conventions suivantes :
Article 1er
Jean CATHIGNOL et Antoinette LENÈGRE autorisée de ses père et mère promettent et s’engagent de se prendre mutuellement pour époux et de célébrer incessamment leur mariage suivant les lois de l’état au plus tard à la première réquisition de l’un d’eux.
Article 2e
Les futurs époux entendent contracter leurs associations conjugales sous le régime dotal renonçant en tant que besoin à celui de la communauté.
Article 3e
Jacques LENÈGRE père de la future épouse fait donation entre vifs à sa dite fille du huitième de tous ses biens présents et avenirs par préciput et hors part.
Article 4e
Catherine MATHEUF mère de ladite future épouze en tant que de besoin autorisée de son mari fait donation entre vifs à ladite future épouse sa fille du quart de tous ses biens présents et avenirs par préciput et hors part.
Article 5e
Ledit Jacques LENÈGRE et MATHEUF sa femme s’obligent de loger, nourrir et entretenir tant en santé qu’en maladie les futurs époux et leurs enfants s’il en provient du mariage pour y vivre comme eux au même pot et feu ; le logement, nourriture et entretien sont évalués d’un revenu annuel de quarante francs.
Article 6e
Les futurs époux s’obligent en considération de l’article ci-dessus de venir faire leur demeure et résidence dans la maison des mariés LENÈGRE, d’y apporter leurs soins et travaux ; de même LENÈGRE et son épouse jouiront, tant que la cohabitation aura lieu, des revenus et usufruits des biens meubles et immeubles du futur époux ; ce dernier donne même pouvoir à son futur beau-père d’en faire la recherche par toutes les voies de droit, recevoir le mobilier, en donner quittance, ainsi que les sommes pécuniaires qui lui sont dues, même d’aliéner les immeubles mais à la charge très expresse lorsqu’il recevra, soit le prix des immeubles, soit le mobilier et autres sommes, de les lui reconnaître sur des immeubles francs d’hypothèque, le tout sous la seule réserve de la part du futur époux du produit de son travail et industrie pendant les deux premières années de son mariage.
Article 7e
Le cas de la restitution des apports du futur époux sera équitablement faite à qui de droit dans les mêmes termes de la réception.
Pour l’exécution de leurs conventions, chacune des parties, en ce qui les concerne, obligent, affrètent et hypothèquent les immeubles qu’elles possèdent sur les communes de Condat et d’Égliseneuve, consistant les bâtiments, prés et pacages.
Dont acte
Fait et passé en notre étude à Égliseneuve en présence de Guillaume GIRARD, propriétaire habitant du hameau du moulin de La Farge, commune dudit Égliseneuve et d’Antoine MOINS, aussi propriétaire habitant du lieu d’Auviex, même commune d’Égliseneuve, témoins instrumentaires soussignés avec nous notaire et la future, le futur et les père et mère de la future ont déclaré ne savoir signer de ce séparément enquis et interpellés, le vingt-huit octobre mil huit cent trente, lecture faite.
Et encore en présence de Jean CATHIGNOL frère du futur, de Pierre VERNAYRE beau-frère du futur, d’Étienne CHABAUD cousin du futur, de François MOUSTIAL aussi cousin du futur, et de Louis LENÈGRE cousin de la future, et de Légier BABUT cousin de la future, tous propriétaires habitants des communes de Condat et d’Égliseneuve qui ont signé avec nous notaire ou déclaré ne le savoir faire, de ce enquis.
Lenegre vernaire Lenegre
Chabaud Babut# Girard#
Moins
Boyer#
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Et là-dessus, tout le monde est allé à la mairie, vu que le maire c’était… Maître Jean-Baptiste François BOYER… "himself" !! J J
Il a marié les "deux parties" ^^ en prenant comme quatre témoins :
— Jean CATHIGNOL frère du futur ;
— Pierre VERNAYRE beau-frère du futur ;
— Louis LENÈGRE cousin de la future ;
— Guillaume GIRARD, ami des futurs.
Tous soussignés sauf l’époux et son frère ; et Maître Jean-Baptiste François BOYER a fait aussi signer l’autre "témoin instrumentaire", Antoine MOINS, à propos duquel je me demandais depuis trente ans qui ça pouvait être car il n’est pas cité dans l’acte de mariage !!
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Pierre-Antoine CATHIGNOL né au centre ville du Mans le 3 décembre 1949, tourangeau domicilié à Clermont-Ferrand presque sans interruption depuis 1974
Contact : cathignol@laposte.net
Édition du jeudi 20 décembre 2018 à 23h59